Début avril 2023, les gouvernements du Québec et du Canada ont annoncés un investissement historique de 840 M$ pour le chantier maritime lévisien de Davie. Ce dernier se retrouve donc officiellement intégré à la stratégie navale fédérale. On estime même, qu’au plus fort de ses activités, cela permettra la création de 1800 emplois dans la région de la Chaudière-Appalaches en plus des 700 actuels, dont la moyenne des salaires annuels est de 75 000 $. En ligne de mire, le métier de soudeur.
À cette occasion, le directeur du Centre de formation professionnelle de Lévis, M. Serge Bordeleau, a réalisé une entrevue à Radio-Canada afin de parler des retombés de l’annonce de la Davie concernant son département de soudure qui propose déjà le DEP Soudage-montage et l’ASP Soudage haute pression. Évolution de la formation, perspectives d’emploi, partenariats avec les employeurs de la région, dont la Davie, vous pouvez retrouver cette entrevue en écoute ou lire sa retranscription ci-après.
La soudure au Centre de formation professionnelle de Lévis
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Retranscription de l’entrevue sur la Davie du Centre de formation professionnelle de Lévis (CFPL)
Radio-Canada
Grâce à ces travaux, le chantier pourra se qualifier pour la stratégie navale du gouvernement fédéral et obtenir à terme près de 8,5 milliards de dollars de contrat pour la construction de brises glaces et de brises glaces polaires. Les retombées dans la Grande Région s’annoncent assez importantes et très intéressantes. En fait, on prévoit la création d’un maximum de 1800 emplois directs et on va consolider cette chaîne d’approvisionnement qui comprend environ 1100 fournisseurs dans la province. Pour parler maintenant de ces opportunités professionnelles que va créer cet investissement, on va aller discuter avec Serge Bordeleau. Il est directeur du Centre de formation professionnelle de Lévis. Monsieur Bordeleau, d’abord, j’ai envie de vous entendre. Votre réaction lorsqu’on a confirmé hier l’accession de Davie à la stratégie navale du gouvernement fédéral. Qu’est-ce que ça veut dire pour une institution comme la vôtre?
Serge Bordeleau (CFPL)
C’est certain que nous, on le voit de bon œil parce que ça met en perspective tout le travail qu’on fait avec notre formation professionnelle. On forme déjà des soudeurs chez nous, puis c’est sûr qu’on fournit en région toutes les industries qui sont là. Mais d’avoir une industrie comme Davie qui arrive avec un gros acte d’emploi comme il est là, c’est sûr que pour nous, c’est merveilleux parce qu’on va être capable de valoriser plus notre formation, d’avoir plus d’élèves, d’être capables de les mettre sur le marché du travail plus rapidement.
Radio-Canada
Monsieur Bordeleau, on parle bien sûr d’emplois qui sont bien payés. C’est un horizon qui est intéressant aussi pour Davie, c’est à dire on parle de boulot pour une vingtaine, une trentaine d’années aussi. Est-ce que vous vous attendez à une hausse assez marquée des inscriptions au cours des prochains mois?
Serge Bordeleau (CFPL)
C’est sûr. Puis même qu’on avait déjà entendu parler de cet investissement, ça fait déjà quelques années qu’on en parle. Nous, on était un petit peu proactif par rapport à ça. Même qu’on est en train de rénover un peu notre atelier, justement, pour être capables d’avoir une plus grande capacité d’accueil. Présentement, on accueille entre 50 et 60 élèves à la fois et on veut monter à 80, 90 élèves par année pour être capables d’en fournir le plus possible. Avec un gros employeur comme ça dans la région, c’est certain qu’il faut augmenter notre cadence.
Radio-Canada
Monsieur Bordeleau, évidemment, vous l’avez dit tout à l’heure, vous offrez une formation en soudure et moi, je n’y connais absolument rien. Alors, je pose la question, est ce que le fait de travailler, par exemple, dans un chantier naval, ça demande une certaine spécialisation, voir même une sur-spécialisation dans la formation aussi?
Serge Bordeleau (CFPL)
C’est sûr que la Soudure du côté du naval est un petit peu plus spécifique, mais le ministère de l’Éducation a mis sur pied présentement un nouveau programme qui est en plein travail. On est en plein développement pour le mettre en place dès l’année prochaine, la prochaine année scolaire. Dans ce nouveau programme, on va s’attaquer plus à la structure, ce qu’on ne faisait pas avant. Notre programme avant, c’était le soudage-montage. Maintenant, ça va vers le soudage-assemblage qui va inclure aussi la structure. Et à la suite du DEP, on a un autre programme de 600 heures qui est l’ASP, notre attestation de spécialisation en soudage haute pression. Donc, ici, on répond exactement aux besoins du domaine maritime.
Radio-Canada
Monsieur Bordeleau, lorsque je circule en voiture, j’aime bien regarder les offres d’emploi qui sont parfois affichées directement sur les entreprises et on cherche généralement beaucoup de soudeurs. Pour un étudiant qui termine sa formation aujourd’hui en termes de perspective d’emploi, qu’est-ce que ça représente?
Serge Bordeleau (CFPL)
Ça représente beaucoup parce que quelqu’un qui sort de chez nous, même cette après-midi, j’ai eu l’occasion de féliciter un élève qui vient juste de terminer. Parce que notre programme, il faut savoir aussi que ce sont des entrées continues, des sorties variables, parce que c’est individualisé. L’élève, il a fini son cours aujourd’hui et dès demain matin, il travaille. Les perspectives d’emploi sont énormes.
Radio-Canada
C’est ce qu’on appelle un gros taux de placement, ça, dès le lendemain matin aussi. Monsieur Bordeleau, une formation en soudure, ça peut prendre combien de temps, par exemple? Je comprends que c’est individualisé, vous l’avez dit, mais généralement, ça peut représenter combien de temps?
Serge Bordeleau (CFPL)
C’est 1800 heures. Ça prend 17, 18 mois à se faire. Les élèves qui sont très performants, ils sont capables de le faire en 13 mois.
Radio-Canada
Ok, quand même, c’est assez spectaculaire. Un peu plus d’une année aussi. On parle beaucoup de Davie. C’est pour ça qu’on s’est intéressé, évidemment, au Centre de formation professionnelle de Lévis. Est ce qu’il y aurait aussi une possibilité, je réfléchis à voix haute avec vous, à court ou à moyen terme, d’avoir peut-être un programme de stage, un partenariat avec la Davie pour s’assurer d’avoir une main d’œuvre qui va être prête à travailler dès le lendemain matin, par exemple sur un chantier comme ça?
Serge Bordeleau (CFPL)
Effectivement, il y a toutes sortes de façons de faire ça. C’est avec notre service aux entreprises parce que vous savez que le Centre de formation professionnelle de Lévis relève du Centre du service scolaire des Navigateurs. On a un service aux entreprises avec un programme aussi de reconnaissance des acquis, c’est à dire que quelqu’un a déjà des acquis en soudage, on est capable de le perfectionner, de finir sa formation pour le diplômer, pour le rendre sur le marché du travail plus rapidement. En partenariat avec l’entreprise, c’est sûr qu’on peut organiser des formations spécifiques pour répondre à un besoin plus rapide, de façon plus rapide.
Radio-Canada
Monsieur Bordeleau, je veux aussi terminer là-dessus en parlant peut être, je le mets entre guillemets, de maraudage. Parce qu’on parlait de 1800 emplois qui seront créés directement sur le chantier de la Davie. On le sait, les soudeurs sont assez en demande. Est-ce que ça, il y a peut-être, je ne vais pas parler de danger non plus parce qu’il y a quand même pas mal de personnes qui vont trouver de l’emploi, mais est ce qu’il pourrait y avoir aussi une espèce de chamaillage entre entreprises pour mettre la main sur une main d’œuvre qui demeure quand même assez rare aujourd’hui?
Serge Bordeleau (CFPL)
Je ne vous cacherai pas qu’on a de la visite d’employeurs qui viennent nous voir régulièrement. Et ça, c’est un peu nous qui contrôlons un petit peu ce volet là, dans le sens qu’on ne veut pas privilégier un plus qu’un autre. On ouvre la porte à tous. Et quand on fait la présentation aussi des entreprises, on laisse le choix aux candidats. Le candidat a quand même le choix de prendre l’endroit où il veut aller travailler. On ne le pousse pas directement dans une entreprise précise.
Radio-Canada
Monsieur Bordeleau, ça a été un plaisir de vous parler aujourd’hui. Je pense que vous allez avoir pas mal de pain sur la planche au cours des prochains mois, par oblique, des prochaines années. On aura peut-être l’occasion d’en faire un bilan ensemble au cours des prochaines années aussi. Merci beaucoup, Monsieur Bordeleau. Au revoir. Au revoir. Belle fin de journée. C’était Serge Bordeleau. Il est directeur du Centre de formation professionnelle de Lévis. On parlait bien sûr de ces nombreux emplois qui seront créés au chantier Davie.